lundi 5 janvier 2009

Le Mentor et l'Ailleurs

Décembre, Janvier de très bons mois pardi! Et ce malgré la charge affolante de boulot. Je suis dans une phase très optimiste, sans accidents d'humeurs, l'oisiveté au placard et l'activité comme étendard. Beaucoup de bien en peu de temps, et la merde n'arrive plus à m'atteindre. Deviendrais-je insensible? Nan, tout faux, et c'est exactement le contraire. Mon regard critique arrête de tiquer pour trois fois rien et je me suis résolue à admettre que certaines personnes ne peuvent pas répondre à mes attentes, comme moi aux leurs. Les amis se comptent sur les doigts d'une main, mais que dis-je non sur les deux, yiou! et c'est foutrement bon qu'ils soient là au dessus de tous les autres (auxquels je ne claque pas la porte au nez, au contraire). A tourné la clé, a démarré en trombe. Merci à des discussions fondamentales, aux moments de rigolade et aux prises de conscience qu'il est toujours bon de se prendre en pleine face. Et un spécimen, pilier de mon quotidien universitaire, est devenu le modèle entre tous. Mon prof de TER, puits de savoir dont tu bois les paroles tout en notant le moindre mot de ce qu'il dit, résume à lui seul l'intérêt de la Fac. Agrégé de Philo et de Lettres Modernes, ça va, le mec a un sacré CV et des anecdotes rigolotes qui te font sourire en cours (phénomène rare chez les spécimens profs). Quand Dieu (je l'appellerai ainsi pour respecter son identité, sauf pour les Lettreux de ma section qui se baladent pour ici) te balance que le dossier sur la thématique de "l'Autre et l'Ailleurs" se doit d'avoir la même consistance qu'un mémoire (dans la mesure du possible) tu fais d'abord la grimace "Ah ah petit joueur, tu veux nous faire manger la moquette". En même temps pourquoi pas. C'est le genre de nouvelle qu'avec le recul tu applaudirais bien des deux mains. Le fait de voir grand te booste sacrément la motivation, surtout quand il nous a dit son désir d'avoir un ressenti puissant de la recherche à la lecture des dossiers. Pigé! Du coup tu lis au maximum, tu te farcis toutes les analyses conseillées par Dieu, tu vois au taquet de films, tu cherches des illustrations, tu cites, tu affines le sujet avec une problématique perso plus ciblée, et tu commences à rédiger. Sans donner ma problématique et tout le bataclan, mon choix pour le TER s'est porté sur L'ami retrouvé de Fred Uhlman. Cette oeuvre est un roman relativement court, certains en parlent comme d'une longue nouvelle, après c'est à chacun de voir. C'est juste fou de voir qu'on peut s'absorber à ce point dans un sujet (pour faire court, l'histoire de l'amitié entre deux garçons en Allemagne pendant l'émergence du nazisme). J'avais toujours été déçue de ne pas trouver à la Fac un mentor, un guide spirituel, une Muse, appelez ce quelqu'un comme vous voulez. Ce n'est pas le qualificatif qui m'importe mais l'impression d'avoir enfin trouvé un trésor humain à la Fac. Lui au dessus de tous les autres enseignants sait comment inciter à la recherche, au dépassement, au perfectionnisme. En nous expliquant que par son dossier il pourrait juger de notre capacité à faire un Master l'an prochain, j'aurais pu me dire "Ah, pas pour moi", mais il émane de lui quelque chose qui te fait apprécier la lecture, l'ouverture aux Arts, le désir de comprendre en abordant tous les domaines d'enseignements (Littérature comparée, Philosophie, Cinéma, Histoire, Géographie, Géopolitique...) en rappelant que la vie est faite d'échanges et qu'il suffit d'ouvrir les yeux pour les voir, que le monde est l'écho d'un savoir centrifuge phénoménal et digne d'intérêt. Les individus s'inspirent, les différents points de vue apprennent les uns des autres, tout ça se reconnaissant dans un désir de savoir que rien ne peut enrayer. J'aimerais comprendre et aborder le monde avec la même ouverture, la même voracité, la même passion, le même désir de découvertes que lui. Cet homme est un magicien qui m'a rendu les révisions de ces vacances passionnantes au lieu d'ennuyeuses (pour le latin et la linguistique c'est une autre histoire). Ses mots expriment l'essence du savoir, cet élan curieux qu'est le désir de découvertes. Par ailleurs, mon exposé pour la Littérature Comparée m'a rappelé à quel point j'aime Cité de verre de Paul Auster. Passer des heures à travailler un sujet n'a jamais été un problème, mais pour la Linguistique et le latin je ne ressentirai jamais cette soif incommensurable d'apprendre. J'ai beau râlé, la Fac a vraiment du bon, comme quoi les rencontres les plus fortes ne se font pas toujours là où on les attend.

Et Ouawh! le réveillon, TRES bon! (c'était LA phrase hors sujet).

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