samedi 22 décembre 2007

Zik en folie

Ces derniers temps ça sent bon. Il y a près de trois semaines, un jour de fac comme un autre, je regardais le panneau des annonces, encombré de multiples "Vente livres anglais 1ère année", "A louer: appartement", "Concert de truc muche à telle date"... M'ennuyant ferme en attendant une pote, je regardais les annonces d'un oeil paresseux, histoire de passer le temps. Et là, oh! "Batteuse et chanteur débutants et motivés cherchent musiciens...". Il m'a suffit de lire ces quelques lignes pour retrouver mon punch de grande folle attachée aux causes perdues. Qu'importe, à mort les textos, téléphone, bonne accroche, bars, discussions, le courant passe. Ca aurait pu foirer pour un millier de raisons et pourtant! Me voilà guitariste dans un groupe de joyeux lurons.
Tout le problème était de trouver une salle de répèt, et en trouver une sans se ruiner ne fut pas une mince affaire. Heureusement pour nous, ô étudiants (pas fauchés mais presque), la MJC avait encore quelques créneaux horaires de disponibles et aussi une batterie sur place. Bénie sois-tu MJC. Les répét de cette semaine se sont étonnamment bien passées. Personne n'ayant jamais eu de groupe, excepté notre chanteur, on craignait le cafouillage, la voix qui part en vrille, la tremblotte des doigts, le trou noir, mais en fait nos p'tits morceaux de reprise ressemblent aux originaux, ouf soufflons, ça met en joie!
Avec pour seul but de s'amuser et de ne pas trop massacrer les grands classiques, quatre spécimens s'éclatent.
Pour l'instant on s'est tous bien amusés sur "Seven Nation Army", "Personal Jesus", Sweet dreams" et "Through the glass" et en sérieux groupe que nous sommes, on a fait une liste d'autres morceaux à bosser pour la semaine prochaine. Waah c'est trop bon. Objectif: faire une scène libre en janvier ou février. Et si ça se passe bien, jouer au festi de la fac à la fin de l'année. Oui, soyons fous!

dimanche 16 décembre 2007

Lève ton nez

William est enfant unique. Ses parents, Jonathan et son épouse Miranda le désiraient plus que tout. Deux fausses couches le précédaient déjà alors qu'il atteignait son quatrième mois d'existence dans le ventre de sa mère. Les futurs parents craignaient un nouvel échec. Suite aux complications antérieures, Miranda avait été suivie de près durant toute sa grossesse, une infirmière résidait même chez eux, s'occupant des piqures quotidiennes et des soins parallèles indispensables à l'état particulier de sa patiente. L'affaire roulait, puis au septième mois le petit polichinelle décida de sortir plus tôt que prévu. Et il sortit tout à fait bien, il se présenta facilement au monde, sans faire de résistance, et l'accouchement fut très rapide. "Celui là, c'est un rapide!". Apparemment le médecin avait dit ça comme s'il s'agissait d'une bonne chose que de naître avant terme. Les infirmières, elles, rigolaient derrière leurs dents. Si ces dames riaient tout en restant dissimulées derrière leur bienséance et leur professionnalisme, c'était pour éviter de prendre une rouste. Le médecin, celui là même qui venait d'assister Miranda pendant son accouchement, était connu pour être un Don Juan né. "Celui là c'est un rapide" était la phrase que le médecin avait prononcé le jour de sa propre naissance. Comme William, il était né prématurément, et plus tard il était devenu l'un des plus grands coureurs de jupons qui existent sur Terre. Toujours quelques mots de flatteries en réserve, il était inépuisable dans l'art de séduire ses dames. Avec lui, une proie devenait vite une victime, victime d'avoir plié sous les assauts de ce fin et élégant carnassier. Selon la légende de l'hôpital Saint Marne, celui qui naissait avant l'heure et sous les yeux du fameux médecin ne pourrait être qu'un indéniable séducteur une fois capable de se tenir sur ses jambes et de manier la prose. Une malédiction paraît-il, un sujet de rigolade surtout. William semble avoir souffert de la sentence plus qu'il n'aurait fallu, car il était là plus privé de panache et de verve séductrice que n'importe qui. Prendre la relève de Monsieur le Don Juan semblait impossible. J'ai bien dit "semblait".

William a huit ans maintenant. Grâce aux efforts répétés de ses parents et au chèque envoyé par le père de ce dernier, il a pu intégrer une école spécialisée dès ses quatre ans. Là-bas, la gestuelle fait la belle part à l'expression artistique, au langage du corps. L'enfant doit pouvoir s'exprimer sans souffrir de la frustration du manque de connexion au monde. La plupart des enfants autistes sont incapables de se concentrer sur ce que fait ou ce que dit quelqu'un. Il ne peut pas toujours fixer son attention sur ce que lui disent les personnes qui l'entourent. Il n'arrive pas à dialoguer ou alors par procuration et c'est la papier sur lequel il a dessiné quelque chose qui sert de support à sa pensée, c'est aussi la musique qu'il compose maladroitement sur une guitare qui trainait dans un coin, tout devient Art, comme tout devient sujet de l'expression de l'enfant. Une boite d'allumettes comme un coussin ou un feutre peuvent l'aider à communiquer de ce qui trotte en lui. L'agitation qui possède les "autistes" vient du fait qu'il n'arrive pas à l'expulser en dialoguant avec les autres. Il leur faut donc des moyens pour évacuer le trop plein de fougue incomprise qui bouillonnent en eux. Cette école a été créé pour les aider à le faire, et pour leur trouver une place dans la société une fois adultes.

Dans sa chambre, William contemple souvent le plafond durant des demi-heures entières. Un après-midi, il l'avait tant regardé qu'il avait eu un torticolis et avait dû porter, à son grand désespoir, une minerve durant dix jours. Il avait horreur de ça et quand il y repense de temps en temps, il est alors pris de violents tremblements. Aujourd'hui, William continue néanmoins de regarder son large plafond blanc, parce que ça lui plaît, parce qu'il s'amuse comme un petit fou à faire ça. Ce qui se passe sur la moquette, il n'en a rien à faire car c'est là-haut que ça se passe. Les choses qu'il voit et imagine ne trouvent leur place et leur sens que projetées au dessus de sa tête, comme pour leur donner une grandeur qu'elles n'auraient pas eu si elles étaient restées plaquées au sol. Quant à les projeter sur les murs de la chambre, William trouvait que c'était nul,
"C'est nul si il y a une partie en haut et une partie en bas".
"Une partie de quoi, William?"
"Une partie du dessin ou du film que je vois. Il faut que ça soit à la même hauteur. Alors le plafond c'est mieux."
"Je comprends."
"Alors les films au cinéma pourquoi c'est pas comme ça?".
"Les gens s'endormiraient si on projetait les films au plafond ou alors ils attraperaient un torticolis, comme toi".
"Ah bon". Et William n'avait plus rien dit. Béatrice avait eu beau tenté de relancer la conversation, plus rien n'était sorti de sa bouche. William était de nouveau parti à la rencontre de son plafond.

Les mèches blondes tombant en arrière, les yeux grands ouverts sur le ciel de plâtre au dessus de lui, il n'arrive pas à comprendre pourquoi le cinéma se regarde différemment chez les autres. Chez lui, dans son cinéma à lui, tout est simple, les gens ont un toit de cinéma au dessus d'eux, et ça les protège de la pluie. Il est bien à l'abri, mais il ne sait pas pourquoi la pluie embête le reste du monde. Quand il pleut, les journées sont tristes pour les autres: le personnel et les camarades regardent le ciel en geignant et en râlant. Ils ne regardent le ciel que quand il pleut, ces idiots. Ils ne connaissent pas le ciel en images et en couleurs, ils ne veulent pas voir et personne ne veut regarder le plafond avec lui. "Mal au cou", disent-ils, mais William n'a pas mal, lui.
Le bambin est toujours couvert de bleus et chaque jour lui en offre de nouveaux. Il regarde trop en l'air.
"Monsieur a la tête dans les étoiles",
"Monsieur est constamment dans la lune",
"Monsieur rêvasse",
"Monsieur tombe...
et se relève".
"Monsieur n'est jamais fatigué, le nez en l'air".
"Monsieur veut voir tous les nez en l'air".
"Monsieur a envie de devenir réalisateur".
Oui, réalisateur et pas écrivain, car quand sa maman lui a lu "Anywhere out of the world", eh bien, il n'a pas aimé du tout. Plus tard, William connaîtra le succès, ses films plairont.

Barbe blanche

C'est Noël dans moins de dix jours, dans les rues les familles arpentent le pavé et les places éclairées pour aller de magasin en magasin faire toutes les courses de Noël. Le Père Noël est rudement bien aidé dis donc! Pourquoi donc achètent-ils tous des cadeaux?
"C'est pas le Papa Noël qui doit acheter les cadeaux normalement? demande Emilie à sa mère.
-Ma chérie, le père Noël apprécie les petits coups de pouce.
-Il est nul alors, répond la petite déçue.
-Non ma puce, mais ça lui arrive d'être fatigué, il a beaucoup de travail, lui explique t-elle.
-Pourquoi il ne demande pas de l'aide à Superman?
-Mais parce que Superman n'existe pas, c'est un personnage de dessin animé.
-Si, il existe! S'il n'existe pas alors le père Noël non plus!
-Oui ma chérie, oui. Allez, finissons les courses, il est déjà 18h30."

Est-ce qu'il n'est pas temps pour moi de raccrocher? D'arracher cette grande barbe blanche et de rentrer chez moi pour me mettre au chaud? Depuis combien d'heures suis-je assis là, à poser avec tous ces bambins devant les appareils photographiques de leurs parents enchantés? Combien de temps que je pose avec ce marmot calé entre mes bras frigorifiés? Je l'ignore, j'ai perdu toute notion du temps, comme tous ces gens qui voient les heures passées à grande vitesse tandis qu'ils s'amusent à faire leurs courses. Le temps file, la période de Noël est une des plus speed de l'année. D'ailleurs j'y pense, il ne reste plus que dix jours avant Noël donc plus que dix jours de boulot et une fois mon chèque encaissé se sera terminé. J'aurais terminé mon travail de décembre, et en janvier si la chance me sourit, je trouverai un autre boulot, pour je l'espère plus de deux semaines. Ici et maintenant, je devrais rire intérieurement, sourire franchement de toutes mes dents (dont je suis d'ailleurs très fier, mon dentiste dit que j'ai une dentition remarquable pour mon âge: j'ai 65 ans). Ah oui, je devrais être content de ce travail et apprécier ma chance de rendre quelques enfants heureux pour quelques instants. C'est la classe de rencontrer le père Noël (jusqu'à dix ans, après c'est la honte. Les choses changent. Après les jeunes demoiselles fantasmeront sur les beaux rockeurs vêtus de cuir noir et les jeunes hommes idôlatront leur star de ciné préféré ou un chanteur peut-être. Navré pour les clichés.). Mais aujourd'hui, qu'importe, c'est moi la star! Pour ce marmot (nommé Thomas), je vais sourire derrière ma barbe synthétique (trempée de la vapeur qu'expulsent mes poumons) et poser une nouvelle fois, pour que lui et ses parents puissent avoir une belle photo du Papa Noël 2007 d'Albi. Le Papa Noël de la Place du Vigan, le grand-père fatigué qui traîne un rhume depuis la semaine dernière, mais qui il faut le dire pète le feu quand même. Sous cette fausse identité très confortable (mon costume est divin, je me sens comme sous ma couette), la lourde responsabilité qu'est celle de ne pas decevoir les enfants s'allège. Je me sens entouré. Les guirlandes électriques qui décorent le ciel sombre me donnent de la joie au coeur. Tous ces gens sont là pour rêver un peu et même si la plupart ragent contre leur compte bancaire qui se vide trop vite, les gens ont plutôt l'air heureux. C'est probablement la déco qui les rend si euphoriques et aimables. Bon et bien, bravo à la ville! Les guirlandes et les sapins décorés qui illuminent les rues me font presque croire que je ne suis pas une méga arnaque mais une gentille arnaque dans son environnement naturel et j'aime ça.

dimanche 9 décembre 2007

lundi 3 décembre 2007

Girl that speaks no words

Wong Kar-wai. Branchez moi sur le sujet et c'est la migraine assurée. Que de louanges à chanter. J'adore "2046", m'extasie devant "In the Mood for Love", mais aïlle "My Blueberry Nights" j'en pleurerais presque. Mais qu'est-ce qu'il nous a fait notre Wong? Je reste sans voix, comme Norah (la demoiselle n'ouvre pas beaucoup le bec dans le film, ça change).
Me suis ennuyée. J'ai pris une mauvaise claque. En même temps... difficile de faire du grand avec un scénario aussi bateau et puis c'est mal filmé, comme baclé. Le film commence trop vite et on y croit pas du tout. La musique quant à elle a pour fonction de combler le trop plein de rien et ça se sent. C'est vide et Norah, comme son personnage, a l'air de s'ennuyer terriblement d'un bout à l'autre du film dans lequel d'ailleurs les gens dans la détresse, c'est pas son problème. Son personnage est mou. Elle regarde, ne fait que regarder et semble complètement dénuée de caractère, bref impossible de s'attacher à elle ou de compatir à son sort. Elle se fait simple spectatrice au milieu des autres et regarde la vie s'en y participer. La compassion, elle ne connaît pas et les mots non plus. Elle doit aligner quinze phrases dans tout le film et encore j'exagère à peine. Son personnage est déprimant (oui, c'est vrai, elle a de quoi être triste, c'est fini avec son mec). Mais diable, c'est terriblement lent et pourtant "2046" l'est encore plus et ça ne l'empêche pas d'être un CHEF D'OEUVRE, mais dans ce nouveau né les plans sont ronflants. Heureusement, il y a encore une chose qui continue à m'envoûter chez mon Wong (et qui m'a empêché de m'endormir), les couleurs. Bien, la flatterie peut sembler assez basse mais j'adore les couleurs de ses films. Elles sont fortes, les alentours s'en éveillent et les coups durs des personnages en paraissent plus poétiques. Pour moi Wong c'est de la poésie en barre, des films délicieux qui se dégustent doucement pendant que le temps trace lentement son chemin, mais là j'ai été vraiment déçue. Certes, la BO du film est bonne et Norah Jones est toute mignonne mais ça s'arrête là. Question de goût, question de gggooûût! Mais! Pour un bon film sur fond de sentiments bafoués avec de la bonne musique et une voix sublime, "Once" est bien meilleur!
Je l'attendais depuis perpète ce petit bout de pellicule, ce "Blueberry"...
Je n'imaginais pas ça. Après chacun ses goûts et moi j'aurais retenu qu'aller voir un film c'est d'abord découvrir sans avoir de trop grosses attentes, sinon on est déçu.
Mais si Wong, je t'aime encore.