samedi 31 janvier 2009

Roman aléatoire

Un monde de ferraille et de ciment entourait Sacha comme un cocon. Depuis son enfance, cet univers lui paraissait vide de sens, distant et impersonnel, comme si au détour d'une ruelle la ville n'hésiterait pas un instant à la sacrifier. Ce n'était pas comme Lille une ville de promesse et de rencontres, Mulhouse était détachée de toute chaleur, sa surface polluée d'une grisaille permanente qui ajoutait au ciel sombre une touche de désespoir. Sacha était consciente de la ville comme elle l'était de ses mains, froides et insensibilisées. La grande étendue de bitume ne pouvait se résoudre à la métamorphose tant son atmosphère était gangrenée par le froid, mais en réalité peu d'habitants réalisaient la laideur de leur ville puisque celle-ci avait la capacité inouïe d'ôter tout regard critique qui pourrait la déprécier aux yeux de ses hôtes. Pour Sacha qui avait vu bien des villes, Mulhouse lui apparaissait en ennemie complète. Rien ne la retenait ici et pourtant l'atmosphère apocalyptique de cette ville l'envoûtait entièrement, car comment ne pas s'ériger en chanceuse tandis que Mulhouse représentait déjà ce que serait le monde plus tard, un chaos de roches brisées et de noirceur, loin des vastes forêts de nos contes d'enfance. Sacha aimait paradoxalement cette ville non pas parce qu'elle était belle, car elle ne l'était absolument pas, mais parce qu'en son sein vivait toute la communauté underground de la France. Depuis les années 1980 chacun venait y trouver son squat, son étage délabré pour en faire son monde, son microcosme personnel. Le Nouveau Monde, comme les échos de Marco Polo nous le rappelait dans Le Livre des Merveilles, les hommes l'avait détruit, pillé et violé et depuis le XXème siècle ni archéologues ni géographes ne pouvaient plus se vanter d'avoir découvert quoique se soit, et c'est vers les Sciences et la Médecine que les chercheurs trouvaient maintenant de quoi s'ériger en génie. Le monde n'était plus rien qu'une carte répertoriée dans nos livres ou accrochée en map monde sur nos murs. Sacha en avait eu une jusqu'à ces vingt ans, fièrement pendue au dessus d'un bureau sur lequel elle passait de nombreuses heures à écrire et étudier, jusqu'au jour où elle s'était aperçue que c'était vers les bas fonds que son regard se portait. Rien que l'obscurité et les mystères de l'inconscient, à l'abandon des voyages hors de France. Une telle rupture, Sacha ne s'y était pas attendue, elle qui avait toujours pris soin de régler ses voyages avec soin et ferveur, "Plus que deux jours avant le départ, plus que quatre heures..." jusqu'à l'immuable fin et le départ vers l'au-delà, un au-delà si peu exaltant en fin de compte. La mort, car ce thème universel, ses multiples interrogations, elle ne les trouvait plus à leur place sous le soleil de Tunisie ou sous la pluie de Finlande, et rien ne pouvait plus l'encourager à trouver dans ces pays ce qu'eux-mêmes n'avaient jamais contenu, la descente aux Enfers. Vaste sujet que celui-là, exploré et traité par tous les grands esprits du monde d'aujourd'hui et d'autrefois, ainsi que pouvait-elle apporter de plus que ces discours savants et rabâchés? Sacha ne voulait plus comme tant d'autres parler de ces choses inaltérables que sont la mort et le moi, tous ces débats, tous ces écrits hélas ne faisaient que susciter une soif incommensurable, et elle aurait voulu haïr ces philosophes qui au lieu d'apporter le soulagement et le contentement, ne faisaient que la poussée dans les abysses d'une curiosité malsaine.

mercredi 28 janvier 2009

Creed "My Own Prison".

A moi Aix!!!

Ah les bonnes vieilles habitudes vont galoper trin trin entre juin et juillet (oui c'est dans perpète mais je suis enthousiaste). Popohop Ingrid m'invite dans sa suite, et à moi de voir si je veux rester une ou trois semaines ^^ le choix est fait!
Il est évident que je ne vais pas manquer de passer du temps avec elle, attendez c'est pas n'importe qui, elle est si loin désormais (bouhouhouh mouchoirs envolez-vous). Ce n'est pas que je ne veuille pas aller la voir le reste de l'année, mais sa copine est plutôt du genre jalouse et possessive, autant dire que j'aime modérément cette demoiselle, mais je me sens d'humeur magnanime je ne déverserai donc pas des monssots d'immondices à son propos, et puis Ingrid n'aimerait pas, pas vrai? =) Ok je la ferme.
Brif bref, c'est la fête avant l'heure, et on compte bien faire les connes comme dans le bon vieux temps, reproduire nos rituels, boire, rigoler et surtout profiter car ça ne sera jamais assez long.
Et là, vu que j'ai dormi 1h45, autant dire que j'ai fait une sieste, bouquin achevé j'ai été visiter le sublime site de la SNCF, voilà rien de plus bête que cette façade internet qui affiche de si jolis prix inabordables, mais cette fois saloperie je vais m'offrir des billets pô chers, l'avantage de prévoir à l'avance quoi. Vivement la fin de l'année, pour la Fac j'entends, mais avec les zikos d'Albi ça va être chaud de faire des répèts. On y est pas encore, en attendant, deux concerts de prévu, un de State of Hypnosis (rock) pour les premières scènes en Avril et le même soir l'autre groupe dans lequel je joue (metal) et qui n'a pas encore de nom.
Je file.

dimanche 25 janvier 2009

Chantons ensemble!

"Ouhouh je me fais chier des bulles, ouhouh! je me fais chier des bulles!"
Levée depuis 4h04, écrire écrire écrire de la merde de la merde de la merde de la merde, parce que j'étais contente d'avoir de nouveau "l'Inspiration" mais je suis foutrement déçue, quoique je ne sais plus au final, puisque je ne montre plus rien à qui que se soit, je préfère les lettres quand il s'agit de confronter mon écriture aux yeux des autres.
Ecrire de la merde de la merde de la merde mais être contente quand même, parce que ça ne s'explique pas. Et "Vs" de Pearl Jam est excellent, Eddie Vedder tu as LA voix.
Bon, bon, les cours vont reprendre, de nouveaux concerts en prévision.
-Amanda Palmer, avec la grande gigue de 24 balais qui va souhaiter ses 25 le 11 février, précisément le jour du concert. Mappy je vais encore me défoncer la gueule à tenter de comprendre comment atteindre le Bikini sans passer 30 minutes à tourner en rond. Merde! vive le train et vive le métro!
-Soulfy, eh oui revenons à des choses plus brutes, car faut pas déconner c'est bien un moment d'être tout sucre.
Et un ballet! comment ça c'est HS? Il y a bien de la musique alors faites pas chier. Mwahahaha je suis crevée mais j'adore mes périodes de sevrage. Zopiclone je te hais!
Hum 06h42, allez un café, je ne vais pas embrasser l'oreiller à cette heure, de toute façon je n'arriverai pas à dormir.

Pendant l'absence du sommeil, quelques lectures au pied du lit:

"De la marche" Henry David Thoreau.
"Sur les Cimes du désespoir", Emile Michel Cioran.
"La vie sans principe", Henry David Thoreau.
"Destruction d'un coeur", Stefan Zweig.

State of Hypnosis

By the way, le monde tourne et certaines choses finissent par avorter. The Whispers n'existe plus =) Pourquoi je souris? parce que nous avons tous les cinq convenu que nos compos n'étaient plus du tout en phase avec notre niveau. Ce n'est pas qu'on se faisait chier en les jouant...mais si! Donc adieu rock/metal, avec le mêmes membres on s'est lancé dans un tout autre son: post-rock, donc plus de gueulantes plus de gros riffs de base un peu cafouilli au pays, et bonjour bidouillages de toutes sortes et compositions de ouf! parce que oui je parle verlan et que ça me semble bien parti.
"Mais qu'elle est ingrate!" non bien sûr on s'est amusé comme des petits fous, c'était bon de monter sur scène, de faire son expérience et aujourd'hui de jeter un regard en arrière pour constater avec soulagement qu'on a fait du chemin depuis. On parle de renaissance là? yeah sort of! J'adore trouver de nouveaux accords, envoyer chier les tendances bourrines de mes débuts et ne plus traumatiser ma mère ^^ Bon point quand j'ai joué mes deux nouvelles compos, le genre que j'ai mis deux mois à peaufiner comme une saleté de perfectionniste, elle a beaucoup aimé.
Ce qui va moins me faire rire c'est de me remettre au chant, eh oui Val et moi allons pousser de temps à autre la chansonnette sur les nouveaux morceaux ^^ Allez on s'y remet, la joie au coeur.
Et concernant In Flames, j'aime beaucoup finalement. Les partoches sont loin d'être faciles mais avec des riffs pareils tu progresses à la vitesse du son. Quant à la basse je joue du Stevie Wonder en ce moment, ça fait plaisir à grand-père! Hum, mais voyons! ce sont de très bonnes partoches pour la technique et la rapidité de déplacement, si si tout le monde le sait (c'est véridique d'ailleurs!). Evidemment si on m'offrait un album de ce cher Stevie je rigolerais moins. Probable que je le rangerais précieusement aux oubliettes avec Pleymo, Kyo, Mc Solaar, Ash, Evanescence, Green Day... et autres choses que je crains de déterrer. Ah l'adolescence...

lundi 19 janvier 2009

Stellardrive "Omega {ERS 1+ ERS 2 } Point"

S'il ne faut citer qu'un titre "Departure", "What Everyone Can See Through The Window", "Magnetic Drum Calculator", "Inlandsix", "Sagitarius A", "Turbulences (A Nice Day See All The Damages Done)", "Turbulences (Post Damages Reconstruction-Sjukdom Remix)", "Depature (The End Of All Things Part 1-Sjukdom Remix)", "Depature (The End Of All Things Part 2-Nado Remix)" ... Bon disons s'il ne faut citer qu'un album... Celui de Stellardrive est tout neuf, à peine sortie de l'oeuf comme on dit. Qualité au programme, bon app'!
Ce que j'aime dans les groupes sans chant, c'est le niveau des musiciens parce que pour couvrir l'absence de voix ce n'est pas sur le tryptique intro/couplet/refrain qu'il faut compter, et puis ça ne transpire pas de talent comme structure. Ce n'est pas donné à tout le monde de trouver moult et moult accords dans chaque morceau. Variété je t'admire, c'est vraiment là que le mot "composition" prend tout son sens et sa valeur. Guettez leur approche, en concert il y aura de quoi décoller.

Bohren & der club of gore

Ne vous y fiez pas, ce crâne là est un tendre, et le nom du groupe est une feinte, ici rien de sonore, rien qu'une alliance de Jazz et de sonorités metal, sur un fond posé.

jeudi 15 janvier 2009

Autofun

Les photos pour moi ça a toujours été supplice. Le manque de confiance en soi, se détester en photo, donc je tirais toujours une tronche de 10 kilomètres comme si quelqu'un était mort. Il n'a quasiment qu'avec Aude et Ingrid que j'ai des photos tordantes, je décode: moi avec un sourire et faisant la mariole. Maintenant l'appareil envers et contre moi, le flash dans les yeux et l'objectif au ras du nez c'est l'invitation à la connerie et l'autodérision. Ce n'est plus un problème. Self foutage de gueule et je suis heureuse en 2009 pour un tas de raisons.



Et vive le sport, ma patte va beaucoup mieux, bandage à l'appui. Courir couriiiiirrr. Et parce que ça ne se fait pas sans musique:

-Palace inopia, www.myspace.com/palaceinopia
-Aside from a day, www.myspace.com/asidefromaday

mardi 13 janvier 2009

L'Athanor je t'aime!

Je reviens de la Scène Nationale, le sourire sur le visage, blasée d'avoir un partiel demain matin pour ne pouvoir en parler davantage avec N, cher compère qui partage mon opinion sur "Hansel et Gretel",pièce grandiose et rien de moins non! Perfect! La mise en scène reconstituant un diner de mariage pose autour d'une table plusieurs télés. Tout est orchestré de A à Z, les dialogues entre les deux personnages/mariés/frère et soeur se font déchirants à mesure que ce tabou social monstrueux progresse dans les différentes voix télévisées. Les voilà donc à jouer leur mariage, à parler à des invités fictifs (qu'ils interprètent eux-mêmes)et qui prennent vie dans des télés qui se font convaincantes à l'excès. On y croit, on se prend à la pièce, l'illusion est parfaite, on les croirait à table avec eux, mais tout n'est que mensonge, leur mariage ne peut avoir lieu aux yeux des autres, et encore moins sous ceux de leur famille. Le concept de la vidéo et du maquillage/déguisement qui rendent les deux acteurs "autres" est un atout majeur de la pièce.
Depuis le début de la saison c'est la meilleure pièce, talonnée de près par deux autres mais zut le choix est fait. Merci au remplacement! et dire que je n'étais pas censée bosser ce soir, enfin de toute façon je l'aurais vue, les copines étaient dans la salle, mais hé hé avantage j'avais un meilleur point de vue. L'Athanor je t'aime! Ruez-y vous! Depuis le temps que je parle d'écrire sur une pièce, c'est fait! L'Athanor, tu me manqueras l'année prochaine, mais le TNT ^^ ça sera bien aussi.

"Hansel et Gretel"
Texte Jean-Benoît Ugueux et Anne-Cécile Vandalem
Mise en scène Anne-Cécile Vandalem.

La pièce repasse demain, damned et j'ai ce foutu baby-sitting.

lundi 12 janvier 2009

Coanthem recrute!


Appel à tous les chroniqueurs qui s'ignorent! Coanthem a besoin de vous, car même si le blog tourne bien et fournit régulièrement des articles ça serait sympa d'avoir de nouvelles plumes au sein du collectif. Aux blogueurs en mal de support, aux dingues de musique, aux accros des concerts ou de l'écoute dans le canapé, la curiosité est forte de savoir ce que vous écoutez terrés dans votre chambrine (à moins que ça ne soit dans votre bolide quatre roues, mais reste qu'on stocke rarement ces CDs dans sa cuisine que je sache, encore que, au petit déj' le bol de céréales en battant le rythme ça peut être sympa). Jeunes gens, et kuf kuf moins jeunes, si ça vous dit d'écrire de temps à autre, vos groupes phares en étendard et plein d'un enthousiasme bouillonnant, ça serait sympa de voir Coanthem s'enrichir de votre patte. Pensez à tous ces groupes chers à votre organe palpitant qui sont sur le point de spliter ou qui restent dans l'ombre parce que personne ne parle d'eux. Alors pour une fois qu'on peut parler de responsabilité intelligente, de pub légitime (comment ça paradoxe?) et bien c'est l'occasion d'agir. N'hésitez pas à envoyer un mail si ça vous intéresse!

noailledecoco@hotmail.fr (myself)
coanthem@gmail.com (Thibs)

dimanche 11 janvier 2009

Youhou!

Je suis nouvellement chroniqueuse pour Chazik. (http://www.chazik.com) Mon premier article est sur l'album "Broken Silver Cigarette In Tristan Da Cunha" de Dona Confuse.
Et un nouvel article sur Coanthem! sur "Sinner" de Drowning Pool.

samedi 10 janvier 2009

The Seven Mile Journey "The Metamorphosis Project"


Fuuh, que du bon, j'ai trouvé quel groupe fera l'objet de ma prochaine chronique, ou pas... si l'album ne met pas trois plombes à arriver, ce qui est souvent le cas. Et comme je ne passe pas mes journées sur les myspace, eh non j'ai autre chose à faire de mes journées, c'est à Noïse que je dois cette découverte. Décidément ce mag est très bon!

Brrr, tremblez mortels. Le partiel est passé, petit retour sur le Gothique en Littérature

Le Romantisme Noir (à travers la littérature) et le Mouvement Gothique, par Ombeline Duprat.

Il s’est à peu près tout dit sur le “mouvement gothique” et ce depuis les années 80, décennie à laquelle tous s’accordent à faire naître ce terme. Des laïus, lapsus, critiques et louanges. Les journalistes des quotidiens s’enflamment dès lors qu’apparaît le mot gothique où l’amalgame du satanisme revient de manière récurrente. Les clichés sont véhiculés par des professionnels peu scrupuleux, s’emparant de l’image d’un Manson déluré pour en faire le porte-parole d’un mouvement de dégénérés nazis, histoire de donner une part de frisson au grand public qui n’attend vraisemblablement des médias qu’à être choqué.
Le mouvement gothique a trop longtemps été acculé, pris à part comme une secte et non jamais comme une philosophie de vie ou un état d’esprit particulier. La question du mouvement gothique est à la fois facile et complexe. Facile car on en connaît les bases mais encore faudrait-il en connaître les fondements, s’ils en sont. Cet article étudiera le contexte de création de ce mouvement, quels en étaient les prémices et de quelle manière il se manifeste aujourd’hui.
Mais voyons d’abord à travers la littérature comment se définit le romantisme noir qui est l’une des caractéristiques du mouvement gothique dans son sens noble (nous ne parlons pas ici de “gothisme” qui est une aberration.)
Littérature Gothique et Romantisme Noir
Au commencement…
Aux sources de tout, le “Roman Gothique” auquel on associe bien souvent la plupart du temps Le Fanu ou Lewis avec les sémillants Carmilla et Le Moine. Et pourtant le terme de “Roman gothique” remonte au XVIIIème siècle, en Angleterre encore, selon la dénomination de l’excentrique Horace Walpole (1717-1797) dans un roman intitulé Le Château d’Otrante : A Gothic Story qui posera les jalons fondamentaux de ce genre littéraire.
Il faut prendre le temps de décortiquer quelque peu cet ouvrage paru en 1764 pour bien comprendre les bases du “gothic roman”. L’ouvrage se présente comme une chronique (rappelons que l’époque médiévale a beaucoup influencé la fin du XVIIIème et le XIXème siècle dans le sens où on redécouvre cette période dite barbare et d’obscurantisme. Les chroniques comme celles écrites par Jean Froissart furent un tremplin pour l’imagination débordante et romanesque des gens de l’époque.) Et le texte fleurte avec la légende tandis que l’espace est occupé tant par la description de ruines, château et toutes sortes de lieux dits “romantiques” mais également de lieux spatiaux avec la présence de l’Orient, l’Italie, l’Espagne1. La présence de thèmes récurrents tels que l’amour, la sexualité, la mélancolie et le pouvoir sont au coeur du sujet. Il s’agit là de ce qui régit la vie de l’être humain et le mène aux affetis ou inversement, à transgresser la loi. L’image du héros tourmenté, en proie à ses sentiments et à sa conscience, sera l’occasion pour écrivains et peintres de débattre sur la nature profonde de l’humain et d’enchaîner sur la transgression tant morale que sexuelle et tout ce qui conduit l’homme dans l’abîme. Les héros de ces livres sont toujours livrés à leur destin, contemplant leur avenir brisé dans la nature silencieuse, au clair de lune ou à l’aurore. Nous avons tous en tête le tableau voyageur contemplant une mer de nuages de Friedrich où l’énigmatique homme en noir contemple la barrière de montagne à la lisière des cieux. Voilà pour les principales caractéristiques. Bien sûr, il faudrait consacrer une étude complète à cet ouvrage avec citations à l’appui pour en saisir la nature exacte, toutefois, nous allons voir d’autres exemples bien plus connus pour illustrer les propos ci-dessus.
Mais ceci n’est Mais ceci n’est pas que l’affaire d’une seule et même personne. À cette époque en Angleterre, on observe la naissance simultanée du Graveyard School of Poetry, groupe de 18 poètes, parlant de la mort dans des élégies sans que celles-ci ne soient destinées à être lues à la suite d’un décès. L’imagerie utilisée par les poètes veut que l’émotion, les valeurs morales et psychologiques priment avant tout. La mort devient un fantasme, d’autant plus qu’à cette époque, dans l’Angleterre des années 1840/50, les cimetières de ville sont supprimés pour créer des cimetières en extérieur, loin des vivants. L’imaginaire se met alors en branle et les morts qui sortent des tombeaux le jour du Jugement dernier n’est pas très loin, puisque les auteurs sont chrétiens en majorité.
Toutes les bases sont réunies pour permettrent au XIXème de cimenter sa propre vision de l’homme inscrit dans les premières révolutions industrielles tout en gardant une mise en scène digne de la noirceur d’un Mark Akenside ou d’un William Mason, pour n’en citer que deux.

1 Ce sont ces mêmes pays qui inspireront “romantiques” et… Victor Hugo. L’Orient sera un thème très largement utilisé au XIXème par de nombreux artistes tels que Baudelaire tandis que Hugo se chargera d’écrire les Orientales. Le peintre Delacroix honorera également cet amour pour ces contrées lointaines perdues dans l’encens avec Les ruines de Missolonghi où l’allégorie de la Grèce se trouve revêtue d’habits orientaux. L’Italie avec notamment Michel-Ange et Caravage n’aura de cesse de les influencer tandis que Hugo s’entichera de l’Espagne : « Mont d’Aragon, Galice, Estramadoure ! Oh ! Je porte malheur à tout ce qui m’entoure ! » Hernani.

Le Romantisme Noir à travers la littérature du XIXème siècle

Cette partie ne sera qu’une ballade parmi la littérature la plus connue du XIXème où le Romantisme noir sera mis en avant. Quelques citations et extraits de textes viendront compléter cette partie qui se veut surtout poétique.
L’atmosphère, les lieux sombres, inquiétants mais d’une profondeur solennelle, d’une crainte conduisant le badaud au respect tel que les ruines, les églises, les cimetières sont utilisés et réutilisés dans le roman dit gothique. Le sentiment d’errance, de vagabondage à l’image d’un Ruy Blas, tourmenté par l’amour et éconduit à la suite du meurtre de Don Saluste, est un phénomène récurrent. Michelangelo Merisi dit le Caravage était très apprécié des “romantiques” pour ses épopées à travers l’Italie, le caractère romanesque de ses frasques (assassinat sous le coup de la colère), son exode et sa mort (qu’on imagine) sur une plage. C’est ce genre de caractère qui fascina les écrivains de l’époque. L’âme tourmentée, en proie aux amours impossibles ou confrontée à des morts atroces et injustes, la passion prime avant la raison. Le roman ou le drame se veut social, mettant le peuple en avant et s’inscrit dans le contexte de l’époque où la tyrannie vaincue de 1789, la tyrannie de la bourgeoisie, la tyrannie de ses pairs et des pères comme dans le Château d’Orantre est réduite à néant. Victor Hugo ira jusqu’à dire que « la poésie ait la même devise que la politique : TOLÉRANCE ET LIBERTÉ ». (Préface d’Hernani, 1833)
En France, les premiers ouvrages gothiques furent ceux de Willian Beckford avec Vathek et le Manuscrit trouvé à Saragosse de Jan Potocki. Les auteurs du roman gothique utilisent toujours les mêmes péripéties de vie : viol, inceste, meurtre, vengeance, rêve jusqu’à glisser naturellement vers le fantastique, genre qui vit le jour avec le roman gothique. Mais pourquoi fait-on souvent le rapprochement entre roman gothique et fantastique ? Le fantastique permet au narrateur de construire son intrigue sur des thèmes noirs tout en y rajoutant des éléments fantasques mais surtout fantasmagoriques. Les romans, surtout proposés à la petite et moyenne bourgeoisie, devaient permettre au lecteur de réaliser une véritable introspection de lui-même par rapport aux personnages représentés. C’est le siècle où l’on apprend à se découvrir, à découvrir ses facettes plus ou moins obscures, où l’on se différencie de l’autre, de l’Autre. C’est avec ce siècle qu’apparaît, chez les anthropologues, “la notion de race”. Siècle où l’on mesure, par exemple, les périmètres crâniens pour déterminer si notre crâne n’a pas le profil des tueurs, des psychopathes, de ceux qui commettent des excès en tout genre ! Mais ne laissons pas Gobineau et compagnie interférer dans nos propos !
Les fameuses oeuvres de Lewis ou de Radcliffe parviennent jusqu’à la France sans toutefois faire réellement pulluler le genre ni même imposer son propre style : les Français empruntent le genre du gothique anglais, certains se trouvent en droit de dire qu’ils en sont les héritiers directs.
Et le fantastique dans tous ça, ce genre littéraire né des veines du roman gothique ? Il est arrivé avec Poe (1809-1849), avec Lovecraft, chacun nourrissant un style que l’époque surnommait de gothique victorien ou de néo-gothique. Un style où se mêle l’étrange, le malaise, un fantastique habile où l’on nage entre nos rêves, nos chimères, nos fantasmes et le doux sentiment de frayeur que l’on ne veut pas quitter. Baudelaire (symboliste) n’a t-il pas dit de Poe et de ses Histoires Extraordinaires : « Edgar Poe aime à agiter ses figures sur des fonds violâtres et verdâtres où se révèlent la phosphorescence de la pourriture et la senteur de forage. »
Mais observons la prose de Poe ; Morceau choisi :
« La Mort Rouge avait pendant longtemps dépeuplé la contrée. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c’était le sang, - la rougeur et la hideur du sang. C’étaient des douleurs aiguës, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l’être. Des taches pourpres sur le corps, et spécialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l’humanité, et lui fermaient tout secours [...] ». Des camaïeux de rouges, de noir, la description de la peste se fait tout en couleur et la maladie se retrouve personnifiée. On rentre dans l’horreur avec une certaine complaisance, et on glisse sur ces mots au même titre que le bataillon de larves grouillantes qui viendront prendre possession du corps. Ce corps qui révulse et fascine, ce corps qui pourrait être le nôtre, ce miroir qu’est l’Autre. Et à côté de cela, l’Assassinat de deux femmes dans la Rue Morgue, toujours de Poe, sans aucun indice, les issues de leur appartement étant condamnées de l’intérieur. Le Mal rode toujours, invisible, mystérieux. Il est chimère, intriguant.
Mais le fantastique n’est pas là que pour faire peur mais aussi donner une contenance à une possible vie après la mort. Qui n’a jamais frémit ou versé une larme sur l’histoire de La morte amoureuse de Gauthier. Pauvre Clarimonde réduite à l’état de cendre et d’os calcinés par le prêtre Sérapion alors qu’elle fut découverte dans son tombeau, une goutte de sang perlant au coin de ses lèvres :
« Et de sa bouche de morte, sous le portail de l’Eglise, sorti des mots d’un romantisme exacerbé à l’intention de Romuald, son amant de curé : […] N’étais-tu pas heureux ? et que t’avais-je fait, pour violer ma tombe et mettre à nu les misères de mon néant ? Toute communication entre nos âmes et nos corps est rompue désormais. Adieu, tu me regretteras. » Aujourd’hui, l’on peut considérer que le XXème siècle n’aura pas fait naître de personnages clefs et fantasque comme un Dracula ou une Carmilla, hormis Anne Rice et son Lestat ou encore Lovecraft au début de ce siècle…

lundi 5 janvier 2009

Le Mentor et l'Ailleurs

Décembre, Janvier de très bons mois pardi! Et ce malgré la charge affolante de boulot. Je suis dans une phase très optimiste, sans accidents d'humeurs, l'oisiveté au placard et l'activité comme étendard. Beaucoup de bien en peu de temps, et la merde n'arrive plus à m'atteindre. Deviendrais-je insensible? Nan, tout faux, et c'est exactement le contraire. Mon regard critique arrête de tiquer pour trois fois rien et je me suis résolue à admettre que certaines personnes ne peuvent pas répondre à mes attentes, comme moi aux leurs. Les amis se comptent sur les doigts d'une main, mais que dis-je non sur les deux, yiou! et c'est foutrement bon qu'ils soient là au dessus de tous les autres (auxquels je ne claque pas la porte au nez, au contraire). A tourné la clé, a démarré en trombe. Merci à des discussions fondamentales, aux moments de rigolade et aux prises de conscience qu'il est toujours bon de se prendre en pleine face. Et un spécimen, pilier de mon quotidien universitaire, est devenu le modèle entre tous. Mon prof de TER, puits de savoir dont tu bois les paroles tout en notant le moindre mot de ce qu'il dit, résume à lui seul l'intérêt de la Fac. Agrégé de Philo et de Lettres Modernes, ça va, le mec a un sacré CV et des anecdotes rigolotes qui te font sourire en cours (phénomène rare chez les spécimens profs). Quand Dieu (je l'appellerai ainsi pour respecter son identité, sauf pour les Lettreux de ma section qui se baladent pour ici) te balance que le dossier sur la thématique de "l'Autre et l'Ailleurs" se doit d'avoir la même consistance qu'un mémoire (dans la mesure du possible) tu fais d'abord la grimace "Ah ah petit joueur, tu veux nous faire manger la moquette". En même temps pourquoi pas. C'est le genre de nouvelle qu'avec le recul tu applaudirais bien des deux mains. Le fait de voir grand te booste sacrément la motivation, surtout quand il nous a dit son désir d'avoir un ressenti puissant de la recherche à la lecture des dossiers. Pigé! Du coup tu lis au maximum, tu te farcis toutes les analyses conseillées par Dieu, tu vois au taquet de films, tu cherches des illustrations, tu cites, tu affines le sujet avec une problématique perso plus ciblée, et tu commences à rédiger. Sans donner ma problématique et tout le bataclan, mon choix pour le TER s'est porté sur L'ami retrouvé de Fred Uhlman. Cette oeuvre est un roman relativement court, certains en parlent comme d'une longue nouvelle, après c'est à chacun de voir. C'est juste fou de voir qu'on peut s'absorber à ce point dans un sujet (pour faire court, l'histoire de l'amitié entre deux garçons en Allemagne pendant l'émergence du nazisme). J'avais toujours été déçue de ne pas trouver à la Fac un mentor, un guide spirituel, une Muse, appelez ce quelqu'un comme vous voulez. Ce n'est pas le qualificatif qui m'importe mais l'impression d'avoir enfin trouvé un trésor humain à la Fac. Lui au dessus de tous les autres enseignants sait comment inciter à la recherche, au dépassement, au perfectionnisme. En nous expliquant que par son dossier il pourrait juger de notre capacité à faire un Master l'an prochain, j'aurais pu me dire "Ah, pas pour moi", mais il émane de lui quelque chose qui te fait apprécier la lecture, l'ouverture aux Arts, le désir de comprendre en abordant tous les domaines d'enseignements (Littérature comparée, Philosophie, Cinéma, Histoire, Géographie, Géopolitique...) en rappelant que la vie est faite d'échanges et qu'il suffit d'ouvrir les yeux pour les voir, que le monde est l'écho d'un savoir centrifuge phénoménal et digne d'intérêt. Les individus s'inspirent, les différents points de vue apprennent les uns des autres, tout ça se reconnaissant dans un désir de savoir que rien ne peut enrayer. J'aimerais comprendre et aborder le monde avec la même ouverture, la même voracité, la même passion, le même désir de découvertes que lui. Cet homme est un magicien qui m'a rendu les révisions de ces vacances passionnantes au lieu d'ennuyeuses (pour le latin et la linguistique c'est une autre histoire). Ses mots expriment l'essence du savoir, cet élan curieux qu'est le désir de découvertes. Par ailleurs, mon exposé pour la Littérature Comparée m'a rappelé à quel point j'aime Cité de verre de Paul Auster. Passer des heures à travailler un sujet n'a jamais été un problème, mais pour la Linguistique et le latin je ne ressentirai jamais cette soif incommensurable d'apprendre. J'ai beau râlé, la Fac a vraiment du bon, comme quoi les rencontres les plus fortes ne se font pas toujours là où on les attend.

Et Ouawh! le réveillon, TRES bon! (c'était LA phrase hors sujet).