jeudi 11 janvier 2007

Encore là.

Le café siffle dans la cuisine et j’enrage de le laisser m’insulter. Course à pied avec tête pivotante et une minute plus tard j’ai de nouveau le cul posé sur ma chaise. Les cheveux pas coiffés me tombent sur le visage, je les coince brutalement derrière cette oreille qui réside sur le côté gauche de mon crâne. La bougresse me rend bien service, alors je la laisse squatter ici gratuitement, sans râler. Je commence à filer mon histoire. Violemment elle s’infiltre dans les dix doigts et pose son empreinte sous mes yeux.
Première tasse: écriture.
Deuxième tasse: tissage et relecture.
Troisième tasse: réécriture.
Quatrième tasse: stopper la caféine d’urgence. Je sors mon texte de l’imprimante, une fois dans les mains je grince et me lamente, « Qu’est-ce que c’est que ça? ». Soupirs de déception et transfert immédiat des feuilles damnées vers le tiroir de mon bureau, direction oubliettes. Quelqu’un veut du feu? J’ai un plan pas cher pour se réchauffer, mes feuilles et du feu, chaleur assurée.
Un matin j’attendais le bus quand un homme m’a demandé,
-Vous n’auriez pas une feuille par hasard.
Posément j’ai ouvert mon sac et lui ai tendu une feuille de mes écrits. Le grand inconnu me regarde, rigolard. Il lance gentiment sa pensée,
-Je pensais à une feuille à rouler.
-J’avais compris mais désolée je n’ai que ça.
-Bon pas grave, mais je garde ta page?
-Oui, lis si ça t’intrigue, je te la donne.
-Ah, c’est gentil, merci. Bye.
-Salut.
Peut-être qu’il a fait une petite flambée chez lui. Avec des compères, il a peut-être fait griller quelques saucisses. Ils auront fait décoller une flammèche de ma page, mise en boule avec d’autres détritus inflammables, et se seront réchauffé simplement.

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