dimanche 22 avril 2007

Léchant le sol

"Où ça? Mais je t'attends depuis dix minutes. Quoi? ... Et t'as pas pensé à me prévenir...Allez oublie, ouais c'est ça à la prochaine." Elle raccroche.
Au vide, "C'est bon qu'elle se calme." Le portable toujours dans les mains, il soupire d'incompréhesnsion pendant que de l'autre côté elle pleure.

Quinze minutes de marche à pied plus loin, elle continue son chemin, le portable en plein marathon. Textotant son poseur de lapins, elle sent de nouveau monter les larmes et crache ce flot soudain sur l'écran griffé de l'appareil. La chorale de sanglots recommence tandis qu'elle accèlère la cadence. Un pas chancelant lui fait rencontrer le côté d'un poteau et libérée de la pensée d'antant, la douleur prend le dessus. Le portable tombe. D'un "poc" il s'écrase sur le sol mouillé. Un juron accompagne la constatation et l'abaissement jusqu'au vecteur de l'être aimé la ploie jusqu'au macadam puant. Agenouillée, tentant de remettre la coque de l'objet, un son lui fait lever les yeux, qui restent aveugles à la source de cette manifestation sonore. Le rabaissement de ses yeux lui montre que seule et face à l'objet brisée, son histoire avec lui est déjà morte. Humiliée de sa faiblesse d'évidence elle se relève par étapes et s'appuie sur le poteau en question. Un trait noir jaillit de son âme lui faisant faire un pas. Un crissement d'agonie brise le plastique de la communication, son pied ferme et lourd de vengeance broie l'illusion. La veine de colère gonflée de son front s'acharne en un apitoiement de la durée tortionnaire, car deux minutes plus tard, il ne reste que des cendres du cadeau high-tech de son homme d'autrefois.

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